Exposition / QUARTIERS FEMMES, CAEN ROUEN, 2015 2017, Olivia Gay

  • 29 mars au 31 mai 2022
  • Finissage : mardi 24/05 à 13h
  • Galerie HUS, Rouen
  • Tout public

Les oeuvres présentées dans l’exposition « Quartiers femmes » ont été réalisées dans le cadre d'ateliers artistiques menés entre 2015 et 2017 dans les maisons d’arrêt de Rouen et de Caen.

L’administration pénitentiaire avait alors imposé une consigne stricte : l’interdiction de montrer le visage des détenues en raison du « droit à l’oubli ». C’est à partir de cette contrainte, privant les détenues de leur image autant que de leur liberté, que les expériences menées au cours de ces ateliers se sont développées.

Ce travail marque le point de départ d’une recherche doctorale RADIAN (2020-2023) portant sur l’image des femmes en activité ou au travail, par la pratique d’une photographie compréhensive.

 

ENVISAGEES

Les visages d’Olivia Gay sont tous féminins.

Ces femmes -ou devrait-on dire ses femmes tant elles semblent faire communauté autour d’elle, dans une sorte de sororité-, paraissent toutes volontaires ; quand bien même elles subissent, elles sont présentées agissantes. Olivia Gay les photographie dans leur cadre de vie, de travail, parfois de privation - ici la prison. 

Aucune, l’on s’en doute, n’est coutumière du fait d’être photographiée. C’est là même un trait qui les rassemble, par-delà l’hétérogénéité de leurs milieux (ouvrières, strip-teaseuses, détenues, femmes de ménage...) : toutes ces femmes mènent leur vie hors des radars médiatiques, hors de toute attention. L’attention, précisément, le temps, c’est ce qu’Olivia Gay oppose depuis plus de vingt ans à l’incurie du regard normé et minuté. On devine de sa part un travail subtil pour créer la confiance requise.

Au travers de ses nombreux portraits, c’est le corps social féminin, sous son profil le moins exposé, qu’elle nous présente. Ce sont les gestes de ces femmes, ceux appris au travail par les dentellières, ceux intégrés en prison par les détenues, ceux qui viennent dire les aspirations et les résignations, qui nous disent que ces corps dépréciés, abandonnés parfois, ont grandi et se sont construits en creux de notre structure sociale, dans ces béances.

L’œuvre d’Olivia Gay, que l’on peut qualifier d’entreprise tant elle semble ne pas devoir y déroger, comble ces vides, ces absences d’images, pour restituer avec le concours de ces femmes, leur identité « envisagée ».

Raphaëlle STOPIN
Conseillère artistique 2018 du Prix HSBC pour la Photographie
Directrice du Centre Photographique Rouen Normandie

 

L'ARTISTE

Olivia Gay, née en 1973, a étudié l’histoire de l’art à Bordeaux et la photographie à Boston, USA, avant d’exercer le métier de photo-journaliste (1998-2008).

Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles depuis 2016, elle est actuellement doctorante dans le cadre du programme RADIAN (Recherches en Art, Design, Innovation, Architecture en Normandie).

Depuis ses débuts (Jineteras, Cuba, 1997), sa démarche mêle journalisme, histoire de l’art et anthropologie pour explorer l’image de femmes que l’on ne voit pas ou qu regarde pas ou plus. Ses travaux sont régulièrement exposés en France et à l’étranger : à la Maison européenne de la photographie à Paris, à la galerie du Château d’Eau à Toulouse, au Centre photographique Île de France à Pontault-Combault, ou encore à la Pinacoteca de Sao Paulo, Brésil ou à la Fondation MAST à Bologne, Italie.

Elle a reçu le prix spécial Joy Hendricks HSBC en 2018 (France), et le prix GD4 Art de la Fondation MAST (Bologne, Italie) en 2010, et a récemment été nominée par le Ministère de la Culture et la BNF pour la grande commande photographique 2022, « Radioscopie de la France : un Pays traversé par la crise sanitaire ».

 

INFORMATIONS PRATIQUES

Adresse
ESADHaR, galerie HUS
2 rue Giuseppe Verdi / 76000 Rouen

 

Visuel : Olivia Gay