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Béatrice Cussol invite Gaëlle Obiegly pour un workshop « Un petit tas d’ordures », du 20 au 22 mars 2024, campus de Rouen.

Workshop concernant l’écriture d’un texte, avec la participation de 12 étudiant.es du Master de création littéraire.

Gaëlle Obiegly : « Il est arrivé qu’un petit tas d’ordures suscite mon attention au point que je m’agenouille sur le trottoir pour les considérer. En vue d’un déménagement dont l’échéance approchait, l’essentiel de mon temps était alors occupé au tri et à l’empaquetage de mes affaires. Triant laborieusement mes affaires, j’ai passé plusieurs mois à discriminer ce qui a de la valeur et ce qui ne vaut rien. D’un côté ce qui est destiné au paradis des archives ; de l’autre ce qui est voué à disparaître dans le néant des ordures. Dès le premier jour du tri est apparue une catégorie intermédiaire ; un purgatoire où les choses s’entassent tandis que leur avenir est envisagé. Le tri fut l’occasion de discussions avec moi-même, mais aussi avec mon entourage, pour délibérer du sort d’un objet. Les déchets de quelqu’un d’autre peuvent revêtir une certaine valeur pour moi. Les déchets de quelqu’un d’autre, je peux même leur faire une place dans mes archives. C’est ce qu’il s’est passé : je me suis débarrassée de la plupart de mes affaires pour faire du vide. Mais ce vide est dorénavant occupé par les affaires d’une personne totalement inconnue. Je les ai trouvées dans la rue. Ce sont ses déchets. Je les ai nettoyés, mis en ordre. L’examen de ces détritus donne à connaître quelqu’un de déchu. Ce sont, pour moi, des documents précieux ; des archives donc. Qu’est-ce que j’y vois pour leur accorder tant d’importance ? Pour leur donner la place de mes propres archives ? A partir de situations personnelles, je propose de penser l’impensable, c’est-à-dire ce qui n’est plus parmi nous, ce qui est sorti de notre intérieur. Et même de notre corps. Ce dont personne ne veut plus, a priori. »

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