DNSEP OPTION ART MENTION ENVIRONNEMENTS ET SITUATIONS PUBLIQUES - CAMPUS LE HAVRE

L’École Supérieure d’Art et Design Le Havre-Rouen dispense une formation de grade master sur son campus du Havre : le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, option Art mention Environnements et Situations Publiques (DNSEP ESP). La formation s’adresse aux étudiant·es désirant orienter leur travail vers des pratiques environnementales qui questionnent la place de l’art et des artistes dans des situations publiques et partagées. Organisé autour de projets et de partenariats, l’objectif du DNSEP ESP est d’ouvrir un cadre de réflexion immersif à la jonction de l’art, du design, des médias, de l’architecture et des pratiques performatives. L’approche pédagogique propose un format d’expérimentation à partir d’usages hybrides, innovants, durables et solidaires où les étudiant·es apprennent à travailler directement en situation, aux prises avec l’espace public.

 Alice Baude, workshop Black River, 2019  Alice Baude, workshop Black River, 2019 

La formation s’organise autour des environnements immédiats de la ville, des différentes typologies de paysage, des espaces numériques et des situations publiques : 

Le Havre : un laboratoire urbain à ciel ouvert 

Le territoire du Havre offre une diversité de paysages et d'activités qui co-existent : l'héritage exceptionnel de l'architecture moderne d’une ville reconstruite, le patrimoine industriel, l'activité portuaire, le tourisme maritime et les zones naturelles protégées sur le littoral. Longtemps déconsidérée, l’originalité architecturale du centre-ville reconstruit du Havre et sa reconnaissance en 2005 par son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO a transformé la ville. En 2017, la première édition d’Un Été au Havre célébrant l’anniversaire de ses 500 ans, a su conforter l’image de la ville comme destination culturelle 

La Seine : un personnage au coeur de la formation 

Les deux campus de l’ésadhar sont situés sur la Seine qui relie Le Havre et Rouen à Paris. Le positionnement géographique, le patrimoine culturel unique et les ressources variées font de la Vallée de la Seine un espace économique et touristique incontournable à l’échelle nationale et internationale. Les nombreux enjeux auxquels font face la Vallée de la Seine nécessitent de mutualiser les ressources afin de bâtir des stratégies partagées pour la transition écologique et le développement économique. 

Aujourd’hui, de plus en plus d’initiatives visent à attribuer aux entités naturelles une personnalité juridique. L’initiative du Parlement de Loire, mise en récit par Camille de Toledo dans son ouvrage Le fleuve qui voulait écrire (2021), esquisse des pistes. Dans cette perspective, le fleuve impose un renouvellement des regards et une remise en question des postures anthropocentriques. La dimension climatique incite aux décloisonnements pour privilégier une approche globale permettant aux habitant·es, citoyen·nes, artistes ou scientifiques, de se penser dans un milieu, ouvrant ainsi une voie nouvelle, diplomatique et engagée sur la nécessité de cohabiter. 

Les environnements numériques 

La question de l’environnement ne se réduit pas à une simple opposition entre paysages naturels et espaces urbains, ni ne se limite aux espaces physiques : elle s’étend de plus en plus aux médias, au web et aux réseaux sociaux. Modifiant profondément nos rapports aux communs et au partage, les espaces numériques ouvrent des pistes d’exploration pratiques et critiques pour les artistes. Les outils de fabrication numérique ont modifié en profondeur nos rapports à la matière et aux savoir-faire, à l’espace et à la temporalité, produisant des chocs sémantiques : proche versus lointain, public versus privé, démultipliant les possibles. Les enseignements du DNSEP ESP intègrent les données du numérique et du digital, permettant aux étudiant·es de produire des analyses critiques de ces outils, et de développer de nouvelles formes d’écriture du sensible. 

Du local à l’international 

L’ambition de la formation est de créer un réseau de collaborations sur le thème de l’espace public avec d’autres établissements d’enseignement supérieur artistique à l’échelle européenne. En proposant un environnement de travail bilingue français-anglais, l’objectif est de faciliter l’accueil d’étudiant·es venu·es d’ailleurs et de continuer à inscrire la mobilité au coeur de la formation des jeunes créateur·trices de demain. Le Havre, ville monde, est également connectée à un grand nombre de ports à travers la planète, multipliant les possibilités de partenariats autour de cette typologie de paysage. 

Les situations publiques 

Au sein du DNSEP ESP les étudiant·es sont encouragé·es à situer leur pratique en relation avec les conditions sociales, politique et économiques du monde contemporain, et à identifier en quoi la création artistique peut contribuer au débat critique, technologique et philosophique. Il s’agit d’analyser la fonction sociale de l'art, et les relations entretenues avec la sphère publique et les institutions. Les étudiant·es sont amené·es à poursuivre une réflexion sur les usages collectifs et non spécialisés de l'art, sur l'émergence de nouveaux publics et la redéfinition de la place qu'ils occupent. Dans ce contexte, comment construire la rencontre entre pratiques créatives et projets de territoire, et introduire la question artistique au sein des démarches des collectivités ? Comment l’art et le design peuvent-ils apporter leur méthodologie de travail pour nourrir l’analyse, aider à la décision, et déplacer les points de vue ? Telles sont les questions qui parcourent le programme d’études du DNSEP ESP. 

PÉDAGOGIE 

Le DNSEP ESP est ancré dans le faire, l’action et l’engagement. La formation s’organise à partir de projets et de partenariats, et propose une pédagogie d’exploration par « situation de recherche » et « écologie de projet ». Les cours se déroulent dans et hors-les-murs de l’école selon les besoins. La formation emprunte sa méthodologie au design et à l’architecture. Au cours des deux années d’études, les étudiant·es apprennent à combiner recherche fondamentale et recherche pratique, orientée vers les outils émergents ou les pratiques artisanales en lien avec les nouvelles matérialités. Lieu de vie et d’échange de savoir-faire, l’atelier de fabrication collaboratif est au centre de l’enseignement. Des conférences et des ateliers d’écritures complètent l’offre de formation. 

Emma Ertzscheid, montage de l’oeuvre « Coup de vent » réalisée pour Un Été Au Havre 2023 

La pratique des langues étrangères occupe une place importante. Plusieurs modules d’enseignements théoriques et pratiques se déroulent en anglais, permettant un environnement d’étude multilingue. L’enseignement des langues s’adapte de façon fine au niveau de chacun·e, avec des enseignements spécifiques en anglais pour les étudiant·es francophones, et des enseignement de français langue étrangère pour les étudiant·es non francophones. 

Les étudiant·es effectuent toutes et tous un semestre d’études à l’international et/ou un stage. Les échanges au sein d’établissements proposants la spécialisation Art Public sont encouragés, notamment avec les partenaires internationaux du DNSEP ESP. 

Le projet au coeur de la formation 

La ville du Havre est un terrain d’expérimentation exceptionnel. Depuis 2017, elle organise chaque été la manifestation Un été au Havre, devenue un rendez-vous estival incontournable de l’art contemporain lors duquel des artistes sont invité·es à réinterpréter la ville par des créations originales dans l’espace public et lieux culturels identifiés du grand public, ou plus inattendus. Le DNSEP ESP est étroitement associé à la manifestation et les étudiant·es ont l’opportunité de produire et diffuser leurs oeuvres aux côtés d’artistes de renommée internationale comme : Stephan Balkenhol, Isabelle Cornaro, Vincent Ganivet, HeHe, Jace, Mark Jenkins, Izumi Kato, Laura Kopf, Klara Kristalova, Lang/Baumann, Henrique Oliveira, Stefan Rinck, Stéphane Thidet, Erwin Wurm... 

Chaque année, pendant le premier semestre, les étudiante·es sont accompagné·es dans le développement d'un projet concret pour la saison à venir d’Un Été Au Havre. Cette mise en situation professionnelle permet de se confronter aux contraintes d’un évènement à l’échelle d’une ville : respecter une enveloppe budgétaire, imaginer un projet qui puisse s’adapter aux nombreux aléas de l’art à ciel ouvert, s’inscrire dans une « écologie de projet » impliquant les producteur·trices délégué·es de l’évènement. La direction artistique de la manifestation sélectionne un des projets proposés par les étudiant·es. Le lauréat ou la lauréate est ensuite accompagné·e dans la mise en oeuvre de son projet à travers les phases de prototypage, de production, puis d’installation de l’oeuvre. Cette méthodologie permet à l’ensemble des étudiant·es de s'immerger dans un projet de création/production à l’échelle « un ». 

« Listening to Plants » par Agathe Cabanne, workshop Bio/graphique, 2018-19 

Nourrir la pensée 

Travailler dans les lieux publics, au profit de l’espace public, exige des compétences techniques mais aussi théoriques et méthodologiques. À travers l’étude des dispositifs historiques tels que le 1% artistique, Les Nouveaux Commanditaires, ou encore Une immeuble une oeuvre, les étudiant·es du DNSEP ESP abordent et approfondissent leurs compréhensions historiques, pratiques et esthétiques des formes artistiques en relation avec les espaces publics. Au-delà d’une vision purement décorative de la présence artistique, cette relation soulève différentes questions de société : la volonté de rapprocher habitant·es et création, ou encore l’attribution d’une valeur d’usage à l’art en demandant à l’artiste de répondre à une problématique sociétale. 

De façon interdisciplinaire, les cours théoriques abordent l’étude d’exemples de créations artistiques « in situ », de théories architecturales radicales, d’oeuvres théâtrales, cinématographiques et photographiques mais aussi d’expériences sociales et scientifiques. Le DNSEP ESP est attentif aux évolutions de nos sociétés, aux transitions actuelles et à venir, et à leur impact sur la nature et la biodiversité. Qu’est-ce qui se joue dans les relations entre ville et campagne au moment où les chamboulements climatique et d’accès aux ressources entraînent une nouvelle conscience des fragilités et des interdépendances ? Et comment l'art peut-il accompagner la nécessaire transformation institutionnelle et sociale ? 

Les enseignements du DNSEP ESP offrent un regard critique sur les nouvelles technologies, leurs méthodes de conception et leurs utilisations. Il s’agit d’explorer notre perception de la « nature » et des processus d’échanges humain/non-humain, en examinant leurs représentations. 

Yue Wu, présentation DNSEP 2023 

L’environnement des études 

Le campus du Havre bénéficie d’un emplacement privilégié en face de l’université, à 5mn à pied de la gare et à 10mn de la plage en tramway. La ville offre une vie culturelle riche et stimulante : le centre d’art Le Portique, le Musée d’Art Moderne André Malraux (MuMa) ; deux scènes nationales Le Volcan et Le Phare, et une scène de musiques actuelles labélisée : Le Tetris ; plusieurs festivals : Un Été au Havre, Le goût des autres, Le festival Béton ; une scène artistique indépendante active : Hatch-galerie du livre et de l’objet imprimé, Le lieu-espace pluridisciplinaire, La Reliure-atelier partagé, etc. 

Durant les deux années d’étude, chaque étudiant·e dispose d’un espace de travail dédié au sein d’un atelier partagé, et a accès à l’ensemble des ateliers techniques des deux campus : Volume (bois, céramique, métal), Impressions (sérigraphie, impression numérique grand format, gravure, reliure etc.), Fabrication numérique (impression 3D, découpe laser, etc.), Image fixe et en mouvement (photographie, vidéo, modélisation 3D, réalité virtuelle, etc.). Les deux bibliothèques de l’ésadhar proposent une sélection d’ouvrages en art et design, qui s’enrichit continuellmeent en lien avec l’actualité artistique, la pédagogie et l’ensemble de la programmation culturelle de l’établissement. 

Le Moulin, la cafétéria du campus du Havre, est pensé et conçu par les étudiant·es du nouveau DNSEP Environnements et Situations Publiques, accompagné·es de leurs enseignant·es. Cet espace est envisagé comme un outil de recherche autour de la convivialité et de la nourriture. Le campus dispose également d’une galerie d’exposition permettant de s’essayer aux pratiques curatoriales et de médiation, et d’une récupérathèque de matériaux. 

Au coeur de la formation proposée par l’ésadhar, se trouve l’expérimentation à la jonction des techniques traditionnelles et des techniques numériques. Une des singularités de l’école est de travailler autant sur logiciels propriétaires (ex : suite Adobe) que sur logiciels libres, dans une logique de consommation résonnée, création en commun et de partage de l’information. Ce parti pris s’inscrit dans une réflexion plus vaste concernant la nécessaire transformation du champ de la création numérique en y intégrant les enjeux de durabilité écologique. 

Profession artiste 

L’ésadhar déploie un programme à destination de ses étudiant·es dès la troisième année et de jeunes diplômé·es visant à les accompagner dans le démarrage de leur activité professionnelle. Ce programme se compose de différents modules répartis sur l’année sous la forme de rencontres, conférences, expositions, ateliers pratiques, voyages d’études, journées professionnelles et de résidences à destination des alumni. 

Son objectif principal est de faciliter l’insertion des jeunes artistes dans un réseau professionnel, en favorisant rencontres et échanges avec des personnalités ressources du secteur. 

Performance architecture, Fort de Tourneville, 2018 

Partenaires pédagogiques 

Les formations de l’ésadhar s’organisent à partir de projets et de partenariats entrepris au niveau local, national et international avec d’autres établissements d’enseignement supérieur, des structures culturelles et des entreprises. Des workshops autour de commandes concrètes se déroulent dans et hors les murs de l’école à de nombreuses occasions. 

Le DNSEP ESP est étroitement associé à la manifestation Un Été Au Havre. 

Autres partenaires pédagogiques de l’ésadhar : FRAC Normandie, Université Le Havre Normandie, le Volcan scène nationale, la Cité internationale des arts à Paris, le Palais de Tokyo, MABA-Fondation des artistes, Le Signe-Chaumont, l’Alliance française de Medellin, l’Agence d’urbanisme Le Havre Estuaire de la Seine, l’École nationale supérieure d’architecture de Normandie, l’école 42, l’École des hautes études en sciences sociales, Imec Institut mémoires de l’édition contemporaine, Le Portique, Grand Chantier réseau multi-acteurs du réemploi, Le Point du Jour-Cherbourg, la galerie Hatch, Le Phare, festival Béton, etc. 

Contacts :

Tiphanie Dragaut-Lupescu 

Helen Evans 

Heiko Hansen 

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