Radio #1 La fascination

 

// Mardi 15 novembre 2016 à 20h
// Alvéole Pied/Nu, Fort de tourneville, Le Havre ou sur http://www.piednu.fr/radio/

 

Le thème de cette première émission de Radio PiedNu/ESADHaR de l'année avec les étudiants du Master de Création Littéraire est : la fascination.

  • Animation : Laure Limongi.
  • Réalisation : Emmanuel Lalande (PiedNu).
  • Textes : Les étudiants du Master de Création littéraire du Havre.
    Playlist : à venir.

EVENEMENT FACEBOOK // SITE INTERNET DU MASTER DE CREATION LITTERAIRE

 

Beware! No podcast!

Quelques mots pour évoquer cette histoire de fascination...

« Les sirènes – et les lucioles

Dans le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey publié par Le Robert, le verbe “fasciner” se trouve entre “fascicule” et “fascisme”. Battement signifiant qui peut ouvrir notre réflexion et notre imaginaire.

La fascination est sans doute indissociable de l’attachement qu’on a pour certaines œuvres ou artistes. Mais on sent immédiatement son potentiel d’aliénation, de paralysie de la pensée. Celui qui est fasciné perd de son discernement, adhère en bloc, oubliant sa personnalité au profit de ce qui l’attire comme une flamme dangereuse. En même temps, que le chant des sirènes est beau, que leurs écailles sont douces et brillantes – y a-t-il vraiment un lendemain dont on devrait se préoccuper ? Pris entre des injonctions contradictoires – hédonisme forcené versus principe de précaution –, où situer son champ d’action ?

En ces temps de manque recouverts d’écrans hypnotiques qui ne rappellent que trop l’univers du film They Live de John Carpenter, un monde où la seule valeur est pécuniaire et les frontières autoritaires, n’est-il pas de l’ordre du devoir d’interroger notre rapport à la fascination ? De rendre à la lucidité tout son éclat qui n’exclut ni la magie ni la fantaisie ?
Sans doute chacun trouvera-t-il à répondre à ces questions avec la complexité qui lui est propre, sans manichéisme.

La chair de la sirène a un goût de poisson. Et je vois le clignotement fragile, tellement émouvant, des lucioles, tous les mois de juin dans le quartier Saint-Antoine à Bastia, à flanc de maquis, et dans les flashes de la lucidité (alerte zeugme & étymologie).

Pasolini avait fini par désespérer de la survivance des lucioles, ces petites lumières palpitantes, vivaces, de la création vive, face à la surmédiatisation aveuglante qui affirmait son emprise peu avant son assassinat. Denis Roche s’est emparé du terme pour affirmer que l’artiste, l’écrivain pouvait se faire porteur de lumière – sans nier le tragique sublime de l’opération. Georges Didi-Huberman a ensuite affirmé, dans un essai, leur survivance, écrivant que les lucioles n’ont disparu qu’à la vue de ceux qui ne sont plus capables de voir leurs signaux lumineux.

À nous de voir, ménager, réinventer, la lumière. »
Laure Limongi

Image d'illustration : capture d’écran du film They Live de John Carpenter.

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