Exposition en ligne / MANIERES D'HYBRIDER LE MONDE
Manières d'hybrider le monde est l'exposition des diplômé-e-s 2020 des écoles supérieures d'art, de design et d'architecture de Normandie : ESADHaR, ésam Caen/cherbourg et ENSA Normandie.
Cette exposition est à plusieurs titres une édition singulière. La crise sanitaire a eu un fort impact sur la vie étudiante dans la sphère privée comme publique, individuelle et collective. Réunissant les travaux de 55 diplomé-e-s de grade Master (Bac +5), Manières d'hybrider des mondes constitue à la fois un exercice pédagogique et un projet professionnel, qui auront exigé que chacun.e fasse preuve de créativité dans l'adaptation de projets éventuellement interrompus ou de réactivité dans la création de nouvelles pièces, réalisées dans une période complexe.
Cette exposition des Diplômé-e-s 2020 n'est visible qu’à travers les textes, photographies et vidéos qui la documentent car le confinement de la fin d’année 2020 n'a permit pas sa visite en l'église Saint-Nicolas de Caen.
Elle se visite ainsi derrière un écran à travers un site internet dédié.
Elle a été réalisée avec le soutien de la Ville de Caen et du CROUS Normandie dans le cadre de l'appel à projets CVEC.
Son commissariat a été confié à Matthieu Lelièvre.
LES DIPLOME-E-S 2020 DE L'ESADHaR
Titulaires du Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique (DNSEP)
Julie Canu
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
Lettres à personne est avant tout un corpus de textes issus de l’écriture automatique, réalisé depuis 2017. Ces textes, regroupés et déclinés en installations, donnent lieu à une performance du même nom. Ce qui est présenté ici est l’espace performatif, destiné à accueillir les actions impliquées par Lettres à personne. La performance est issue d’une réflexion sur le système d’exposition et s’appuie sur la construction d’un espace mental par l’écriture. L’installation qui restera active durant l’exposition se nomme La main dans le dos et porte la référence #A04.
Lettre à personne, 2020
Matériaux variables, espaces de performances, 300x250cm
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Lucas Cyrille
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
Sous les combles, dans mon appartement de 24 mètres carrés, j’écoute « La maison près de la fontaine » de Nino Ferrer.
Eva m’a envoyé une photo de son nouveau tatouage.
Je trouve la photo belle, alors je décide d’en faire une peinture.
Le week-end dernier, j’ai acheté une croûte d’une montagne des Vosges.
Il y a six mois j’ai fait un poêle avec un vieux bidon.
J’avais envie de faire une cabane autonome dans le fond d’une campagne.
Ce qui m’intéresse, ce sont les choses qui me procurent des émotions. Peut-être que ça ne plaît pas, peut-être que je ne m’inscris nulle part.
Mais ce n'est pas grave.
La logique ne m’intéresse pas car je réfléchis avec mes sentiments.
Eléments composants d'une petite cabane, 2020
Techniques mixtes (peintures acryliques, aérographe sur bois, soudure, bidon métallique rouillé) Dimensions variables
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Louise Delacroix
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
L’été de Vivaldi. Des traits blancs sur fond noir qui s’animent, qui dansent. Ils représentent les archets des violonistes. Tout le reste est effacé pour mettre en évidence leur chorégraphie, leur synchronisation. Ici la danse est à l’origine de la musique, les rôles sont inversés.
Vivaldi (l'été) 2020
Animations, 2 min 08
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Trystan Hamon
DNSEP option Design graphique & Interactivité
Oeuvre en vidéo
Chicago est une édition qui revient sur le projet participatif Affiches matrice – Formes collectives – Lieu, catalogue proposé par le collectif Exposer Publier et Yann Owens et qui est exposé dans le cadre du festival Une Saison Graphique 2020. L’édition contextualise la cité Chicago aujourd’hui en destruction au Havre ainsi que nos intérêts premiers, à Jean-Élie Delacour, Tom Ricourad et moi, pour ce lieu. Dans cette édition, j’ai repris et finalisé le dessin du caractère typographique TradiAtlas commencé il y a deux ans.
Chicago 2020
Impression numérique sur papier journal et impression ségraphique sur papier couché
Dimension 35 x 50 cm
Courtesy de l'artiste
Photo DR
Sijie He
DNSEP option Design graphique & Interactivité
Oeuvre en vidéo
A cause du Covid-19, nous avons tous été obligés à rester chez nous. Cependant, être dans mon petit studio de 20 mètres carrés m’a fait mieux comprendre la relation que j’avais avec l’espace, la famille, la vie et la mort. Dans ce film, je parle de ma vie pendant la quarantaine. Comme je suis restée seule à la maison, j’étais presque complètement coupée de la culture française et je n’ai eu pratiquement aucun contact avec les Français. Dans ce film, nous verrons comment un Chinois vit en France dans un studio de 20m2, dans un environnement culturel totalement chinois.
En tant que documentaire enregistré pendant cette période unique, il permet aussi à chacun de comprendre la vie d’un Chinois ordinaire en France pendant la période du confinement à cause du COVID-19. Dans mon film, j’enregistre chaque son de la vie, chaque scène est très longue. Comme dans l’oeuvre d’Apichatpong Weerasethakul, le public peut ressentir la texture de la vie. Afin que la vidéo ne ressemble pas à une vidéosurveillance, j’utilise différents petits écrans pour guider, attirer et communiquer avec le spectateur.
Accrochage de diplôme 2020
Courtesy de l'artiste
Photo DR
Flora Huguenin
DNSEP option Design graphique & Interactivité
Oeuvre en vidéo
Ce plaid inspiré par les créations en patchwork est entièrement composé de commentaires malveillants trouvés sur divers réseaux sociaux. L’idée est d’utiliser cette malveillance pour la confronter à un objet plutôt jugé comme réconfortant, on peut s’enrouler dedans et donc être totalement submergé par tous ces mots. Le travail de la laine est long et fastidieux, contrairement aux commentaires qui aussitôt postés sont oubliés par leurs auteurs. De plus, les mailles rappellent les pixels qui composent les écrans ou ces commentaires sont visibles.
Sans titre, 2020
Plaid en tricot composé de commentaires négatifs trouvés sur internet
Dimension 170 x 170 cm
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Fleur Leclere
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
Dans un désir de fabriquer des feuilles de papier comme on fabriquerait du pain, comme un geste essentiel et primaire, je me suis lancée dans cette grande aventure. La création de ces papiers et papiers-mâchés est un vaste terrain d’exploration, j’aime qu’ils me paraissent infinis et inconnus, comme les futurs jours de la vie.
Papiers, 2019-2020
Papiers et papiers-mâchés fabriqués à partir de papiers usagés
dimensions variables
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Gaëtan Lehoux
DNSEP option Design graphique & Interactivité
Oeuvre en vidéo
Mon corps ne rentre pas dans les normes de notre société. Les regards qu’on me jette, qu’ils soient méprisants, moqueurs, dubitatifs ou même admiratifs, me rappellent que je suis différent. Dysphorie représente le sentiment d’être sans cesse observé et jugé sur ce que je cache sous mes vêtements. Les poissons incarnent ces regards oppressants tandis que mon personnage démuni perd pied dans une composition en suspens.
Dysphorie, 2019
Suspension d'éléments découpés en contreplaqué de peuplier, peinture blanche et marqueur noir
Dimensions variables
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Baptiste Leroux
DNSEP option Design graphique & Interactivité
Oeuvre en vidéo
A écouter
J’ai ici voulu penser des formes végétales à partir d’objets électroniques, comme si de nouveaux organismes avaient pu advenir de nos déchets d’équipements électriques et électroniques. Par la même, j’ai conçu une forme de râtelier qui permettrait de les faire vivre : là où l’hydroponie alimente les végétaux en eau par le biais d’une structure hors sol, ce râtelier « électroponique » alimente ces futures formes de vie hybride en électricité. Cette installation fait suite au mémoire que j’ai réalisé durant le DNSEP, mon intention était de trouver une forme plastique qui puisse faire écho à ce dernier.
Electroponie, 2020
Installation, 100 x 70 x 170 cm
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Si Liu
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
La Chine est en grande croissance, elle se développe à une vitesse impressionnante, de nombreux bâtiments anciens ont été démolis et de nouvelles maisons ont été construites. Quand je parcours les villes en Chine, je vois toujours des panneaux bleus, cela me fait penser à une ancienne peinture chinoise, Mille lis* de rivières et de montagnes, datée de 1113, de Wang Ximeng. L’artiste représente le paysage de Chine à cette époque sur un rouleau d’une très grande longueur (51,50 x 1191,50cm) ; il utilise la couleur bleue qui était très précieuse à ce moment-là. La couleur bleue et le paysage de cette époque nous donnent des informations et un nouveau regard sur le paysage actuel. Ce bleu éblouissant imprègne la mémoire de presque tous les Chinois. Mais qu’est-ce que cette couleur signifie vraiment ? Que voit-on et dans quel environnement vit-on réellement ? La nature est-elle vraiment naturelle ? Comment la modernisation peut-elle s’allier à la nature et construire - ou déconstruire - de nouveaux paysages ?
*Le li est une unité de mesure chinoise de distance qui est dorénavant standardisée à l’équivalent de 500 mètres.
Milles lis de rivières et de montagnes
Photographie couleurs, 51,50 x 1191,50 cm
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Lucie Pamart
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
Ces photographies évoquent le 25 avril 1974, date à laquelle se déroule la Révolution des oeillets qui, au Portugal, marque la fin du régime dictatorial de Salazar et des guerres coloniales. À cette époque, les soldats et la classe ouvrière défilent dans les rues avec des œillets rouges dans leurs boutonnières et dans leurs fusils. Ici, les armes déposées au sol sont évocatrices d’une violence désormais posée à terre. Chaque fusil a été fabriqué dans des matériaux qui évoquent une réparation, comme pour tenter de réparer un pan de l’histoire. Les matériaux utilisés pour réparer le corps réparent ici l’objet, comme si je cherchais à soigner des plaies de notre histoire. L’arme d’un point de vue métaphorique renvoie à l’humain, à un membre, à un traumatisme psychologique et matériel. Les blessures qui régissent nos sociétés peuvent renvoyer aussi à un déni collectif, par exemple par rapport au colonialisme, dont je pense qu’il est encore nécessaire de parler aujourd’hui.
La récolution des oeillets, 2020
Tirage photographique sur bois, 256 x 100 cm
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Jason Quoniam
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo non disponible
Mon travail repose sur l’effort physique et la tension. Ma production s’écoule intégralement de ma machine à humeurs, à savoir, ma mascotte. Celle-ci me permet de me libérer de mes chaînes à cent pour cent, me permettant de danser, jouer, crier, pour entrer dans un état de transe jusqu’à l’épuisement. Ensuite, quatre étapes se succèdent, allant de l’essorage de mon maillot imbibé de sueur, jusqu’au dessin du maillot et de l’aquarelle de mes selles. L’eau anime le corps, et cette vie qui s’échappe devient œuvre, immortalisée par le trophée conservé. De plus, l’écoulement de cette eau nous fait remonter aux origines de l’Homme, à la Préhistoire et l’écoulement de l’eau dans les grottes, voire même au monde. Le tout concentré dans la catharsis.
Accrochage de diplôme, 2020
Courtesy de l'artiste
Photo DR
Tom Sagit
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
À quoi ressemblerait une nature ayant évolué au-delà des distinctions humaines entre Nature et Technologie ? Au-delà des clichés du monde verdoyant débarrassé des hommes ou d’une terre post-apocalyptique désolée, cette série tente d’imaginer un autre lien entre l’humanité et le monde où elle vit. Le « Glitch » est une utilisation des erreurs informatiques pour produire des images à l’esthétique marquée par la superposition des formes, les couleurs aberrantes et les pixels vagabonds. Similaire au collage en ce qu’il peut fusionner des images ensemble, c’est une façon de créer par l’erreur tout en révélant la machine derrière nos écrans.
Futurs hybrides, 2017
3 impressions couleurs, papier mat, 140 x 100 chaque
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Agathe Schneider
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
Qu’est-ce qu’habiter ? Est-ce s’approprier un espace ? Y-a-t’il un laps de temps qui acterait que nous habitons quelque part ? Est-ce déposer des objets que l’on possède dans un espace qui le définit comme nôtre ? Où s’arrête mon espace, où commence celui des autres ? La forme de l’objet consiste en une multiplicité de fiches rigides rassemblées pour former un bloc. Elles constituent un espace mental. Les images en mouvement dans l’espace laissent apparaître des interstices, des vides créent de nouvelles relations à chaque modulation. Ces fiches peuvent être rassemblées, dispersées, ré-agencées.
Les Gravats inertes, 2020
Matériaux divers, 20 x 12,5 x 5 cm
Coutesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet
Wenyu Zhang
DNSEP option Art
Oeuvre en vidéo
L’abricotier du Japon est une fleur qui évoque mes origines. Sa floraison odorante est très précoce dès le mois de janvier malgré sa fragilité dans le vent froid. Cette floraison, apparaissant sur bois nu, offre un effet spectaculaire. La vie accrocheuse de cette fleur m’a touché, donc je l’introduis comme une forme de régénérescence et comme un contraste de la beauté, de la souffrance. Ce contraste fait référence aux gens qui vivent dans la précarité dans une société difficile, et qui pourtant résistent.
L'abricotier du japon, 2019-2020
Série de dix dessins au stylo bille sur papier, encadrement en bois, 56 x 76 cm chaque
Courtesy de l'artiste
Photo Jeanne Dubois-Pacquet