Conférence MABEL, GENA, MYRTLE, SARAH ET LES AUTRES ... / Hervé Thoby

 

Salle des conférences, campus de Rouen
Jeudi 24/03/16 de 17h30 à 19h : projection du film
//// Annulé //// Jeudi 31/03/16 de 14h à 16h : conférence

 

//// invité par Stéphane Carrayrou dans le cadre du laboratoire de recherche MAPPING////

Acte 1
En amont de cette conférence, nous vous invitons à la projection du film “Une femme sous influence“ de John Cassavetes le jeudi 24/03 de 17h30 à 19h en salle des conférences du campus de Rouen.

Acte 2
Conférence de Hervé Thoby, professeur à l'Ecole Européenne Supérieure d'Art de Bretagne, Quimper sur le langage des gestes des héroïnes du film « Femme sous influence »

Réalisé en 1974, ce film met en scène le personnage de Mabel, une femme de quarante ans qui possède une vision du monde inclassable, s’accroche à un rêve, cherche sa liberté d’être. Ses comportements imprévisibles, ses gestes et ses propos lui permettent de résister à un cadre familial étouffant, jusqu’au point où la vie bascule sous le coup du désespoir. Mais elle parvient toujours à redevenir elle-même.
Mabel a une façon bien à elle de s’exprimer, une façon d’exprimer ses émotions à travers son corps tout entier, dans une gestuelle se substituant souvent aux paroles qui lui font défaut.
Bien sûr ces jeux de langages n’appartiennent pas en propre à Mabel. Ils sont aussi ceux de Gena Rowlands, la femme de John, qui interprète le rôle principal. Mabel, Gena et John appartiennent à une forme de vie qu’est le cinéma indépendant américain.
Cette lecture du film de John Cassavetes voudrait aller à la rencontre du personnage de Mabel à travers ses gestes, sa manière bien à elle de parler avec les mains. Mais cette approche nous place aussi inévitablement face à l’actrice qui porte le rôle, dans un jeu sans fin auquel nous convie le cinéma entre “croire et ne pas croire“.

  • Hervé Thoby février 2016 : J’enseigne la théorie des arts à l’EESAB - site de Quimper. Je m’intéresse à la forme que peut prendre une idée.  C’est pourquoi j’emploie le mot théorie au sens platonicien de “contemplation“. Je pourrais aussi évoquer la théorie des tables comme cartographie de variables à partir d’une fonction donnée.
    Mais pour que la pensée s’incarne il faut lui donner un corps. C’est la raison pour laquelle j’ai organisé des expositions d’art contemporain à la galerie de l’école dont je me suis occupé pendant 14 ans - avec des expositions consacrées à l’image et aux imaginaires contemporains du corps en particulier –  et aussi au Centre d’art de Quimper (“Appel à témoins“ ; “Corps étrangers“). J’ai animé des workshops consacrés à la performance et la danse contemporaine durant le même nombre d’années, mais pas à la même période, invitant les chorégraphes de la scène artistique française comme Mathilde Monnier, Christian Rizzo, Emmanuelle Huynh….
    C’est aussi la raison pour laquelle j’ai développé une pratique de la photographie parallèlement à ma réflexion théorique, exposée dans différentes institutions de l’art, et que j’ai collaboré à la création de pièces chorégraphiques avec des artistes tels que Rachid Ouramdane, Julie Nioche, Christian Rizzo, Loïc Touzé ou Catherine Contour.
    Cependant ce qui retient mon attention aujourd’hui, dans cette façon qu’a la pensée de rencontrer un corps, un corpus, une œuvre, c’est ce que l’on appelle les jeux de langages. C’est-à-dire que toute expression s’inscrit toujours déjà dans un langage qui appartient à une communauté dont elle participe. La philosophie de Derrida et celle de Wittgenstein sont à ce titre d’un grand intérêt pour conduire ma réflexion.
    Depuis quelque temps j’ai entamé une lecture phénoménologique du cinéma à partir de films auxquels je confronte mes idées pour en mesurer la pertinence, des œuvres du cinéma contemporain qui me semblent inépuisables en leur sens. Je porte le même regard sur le théâtre anglais, en particulier celui de Martin Crimp et le théâtre Verbatim, ou le travail performatif de Claudia Triozzi intitulé « Pour une thèse vivante » qui me paraît d’une singulière inventivité.
    Tout ceci m’amène bien sûr à porter un intérêt particulier pour le projet “Mapping“, pour les images de pensée et leur écriture, et les gestes qui les portent"
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